« Le bonheur est inaccessible » entend-on parfois. « Occupons-nous de bien faire et le bonheur viendra de surcroît », « À trop rechercher le bonheur, on le manque »… À force d’entendre ce type de discours à propos du bonheur, une question nous vient : faut-il vraiment rechercher le bonheur ou est-ce un leurre ? Et si c’était un état qui nous venait par chance (ou pas) et qu’il serait inutile, voire contre-productif, de chercher ?
D’abord, nous pouvons nous dire que la recherche du bonheur fait partie de la nature humaine. Tous autant que nous sommes, nous désirons être heureux. L’essentiel des choix de vie que nous faisons tend vers la maximisation du bonheur : se marier, aller au cinéma, choisir un emploi qui nous plaise… Il serait donc assez curieux de soutenir que notre tendance naturelle n’a pas lieu d’être et ne doit pas s’exprimer. Faut-il rechercher le bonheur ? Mais c’est déjà ce que nous faisons ! Inutile donc de nous enjoindre à suivre cette voie. La vraie question serait plutôt : avons-nous raison de rechercher le bonheur ?
Effectivement, nous pouvons nous demander quel sens cela peut avoir de rechercher le bonheur. Le versant lumineux de cette recherche est qu’elle nous pousse à l’action. Combien de choses nous ne ferions jamais si nous n’en attendions le bonheur… Motivés à agir par l’espoir de bonheur, c’est aussi ce qui permet que ce bonheur arrive. Le versant sombre de cette quête est que si le bonheur est un état qu’on peine à définir et dont le contenu n’est pas plus certain, rechercher le bonheur peut s’apparenter à la poursuite d’une chimère. Nous perdrions alors notre temps à la poursuite de quelque chose qui ne cesserait de se dérober. Pire, cette quête pourrait même nous rendre aveugles aux trésors à nos pieds, en fixant notre regard sur une lueur illusoire et lointaine. Rechercher le bonheur serait alors le plus sûr moyen de le rater.
Alors d’un côté, nous ne pouvons avoir tort de rechercher le bonheur, puisque c’est notre nature, et il serait bien étonnant qu’on ne puisse pas progresser vers ce but en y mettant un peu du nôtre. D’un autre côté, faire une fixation sur une idée vide de bonheur ou sur des pseudo-bonheurs illusoires peut aussi être contre-productif. Ce qui doit nous occuper finalement, n’est pas tant « faut-il chercher le bonheur ? » mais « comment le rechercher ? ». Je vous retrouve bientôt pour la suite…