Encore quelque chose qui a à voir avec la capacité d’action et la responsabilité. Je ne parle pas ici de « visualisation positive » qui consiste à imaginer une situation qui se passe bien. Je stresse pour une présentation en public ? La visualisation positive me suggère d’imaginer la scène se déroulant au mieux : j’ai la voix fluide, je suis à l’aise, mon auditoire est captivé, on me pose des questions auxquelles je réponds brillamment… C’est là une technique de base du développement personnel. En ce qui me concerne, ça n’a jamais marché. Le trac est là, j’ai la voix qui tremble et parfois mon cerveau se vide comme un évier. L’autosuggestion n’a jamais marché pour moi, sans doute suis-je un mauvais public pour la pensée magique ; il ne me suffit pas d’imaginer un truc pour qu’il arrive.
Ce qui marche assez souvent, par contre, est ce que j’appelle « l’anticipation positive ». Je m’y entraîne comme un sportif. J’arrive avec un état d’esprit positif (super ces 3 heures de cours dans un amphi glacé devant 200 personnes mal réveillées, je vais y prendre du plaisir), je décide consciemment d’interpréter les événements dans le bon sens (mais non cet étudiant au fond ne s’ennuie pas, il réfléchit…), je rebondis avec bonne humeur (cher collègue, votre question est tout à fait pertinente (et pas du tout vicieuse)…). Je ne me répète pas que tout va bien se passer, mais que je vais faire au mieux compte-tenu de mes moyens. Et que ça marchera, ou pas. Car toute interaction suppose plusieurs partenaires ; elle peut mal se passer sans que j’aie quoi que ce soit à me reprocher. Ma seule responsabilité est de donner le meilleur de moi-même, ce qui ne signifie pas être brillante, mais me présenter avec entrain et rebondir sur les feed-back de mes interlocuteurs de façon positive. Et vous savez quoi ? Ça marche bien mieux ! Parce que quand on propose un visage énergique et positif aux gens, ils vous embrayent souvent le pas. Toute interaction est une rencontre entre au moins deux pôles, je peux agir de mon côté, c’est même ma responsabilité. Se mettre dans de bonnes dispositions n’est pas garantie de succès, mais ça améliore bien des situations.