Nous avons vu ce qu’était, globalement, la philosophie. Alors, maintenant, la philosophie du bonheur, c’est quoi ? C’est d’abord un sujet d’étude que prend la philosophie, parmi tant d’autre : on peut avoir une philosophie de l’art, une philosophie du travail, une philosophie de la nature… Tous les sujets sont bons. Platon disait d’ailleurs que même la crasse pouvait être un sujet possible pour le philosophe. L’idée que la philosophie ne s’occupe que des questions les plus élevées (le sens de la vie, l’amour, la mort…) est une image d’Épinal. Au contraire, puisqu’il s’agit de comprendre le monde, tout ce qui en fait partie est bon à comprendre !
La philosophie du bonheur s’intéresse donc au bonheur. Elle va chercher à le définir, à en cerner la substantifique moelle, mais aussi à comprendre comment il est lié à d’autres notions : est-ce que le bonheur et le devoir sont incompatibles ? Peut-on faire le bonheur des autres ? Faut-il préférer le bonheur à la vérité ? et bien d’autres encore… Chaque philosophe pourra présenter le bonheur et ses implications en fonction de son propre système. Il y a donc plusieurs réponses possibles à chaque question possible concernant le bonheur, avec, quand même, des grandes tendances. Chacun pourra alors se sentir plus proche d’un philosophe ou d’un autre, suivant sa sensibilité, sa vision du monde, la force qu’il reconnaît à tel ou tel argument.
Mais ce qui nous intéresse le plus ici, vous l’aurez compris, est la dimension normative des réponses : comment les enseignements des philosophes concernant le bonheur peuvent nous aider à développer notre propre bonheur ? Ce que nous cherchons n’est donc pas le seul plaisir intellectuel de l’acquisition de nouvelles connaissances, mais bien à faire ce que les nord-américains appellent de la philosophie pratique. Nous ferons donc en ces pages de la philosophie du bonheur : je présenterai (et laisserai à vos commentaires) des différentes conceptions du bonheur qui nous ont été proposées par les philosophes à travers les siècles, avec comme horizon le dégagement des grands préceptes pouvant nous être les plus utiles aujourd’hui, dans notre propre recherche du bonheur.